La stratégie commerciale de Tamiya se situe à un niveau qui n'est pas celui sur lequel se situe l'action de T2M dont il est question
Au niveau international (Japon / Europe en l'occurence), la législation est encore différente. En à ce niveau-là , Tamiya peut parfaitement décider de faire un refus de vente à tout acteur économique d'une zone donnée si la zone est par exemple couverte par un accord commercial avec un tiers (un importateur "exclusif" donc).
Le temps que le droit international évolue ou couvre ce type de relation commerciale, ou qu'une procédure aboutisse vu la complexité des droits, on va considérer que c'est comme ça épicétou
Maintenant,
à l'intérieur de l'Europe (et non dans le droit d'un pays européen dont on se contrefous puisque le droit européen prévaut), la situation peut être complètement différente. L'accord, voir le contrat de type international (ici Japon / Europe) peut ne pas être légalement applicable à l'intérieur des frontières européennes. En clair, en Europe, un mag français a le droit de commander directement chez Tamiya Japon ... et Tamiya Japon se donne le droit de refuser la vente :lol: En réusmé, le mag français a le droit européen pour lui, Tamiya Japon fait ce qu'il veut, et la situation est bloquée parce que le mag français n'aura jamais un produit. Chacun a légalement le droit pour lui, mais au final il ne se passe rien du tout.
Donc, ça c'est posé : la stratégie commerciale de Tamiya est de vendre en exclusivité à T2M sur des zones commerciales définies, à Dickie sur d'autres, Arwico en Suisse etc... Sur ces territoires, Tamiya refuse de vendre à qui que ce soit d'autre (le cas d'Arwico est spécial dans le sens où la Suisse n'est pas soumise à la suprématie du droit européen).
Maintenant, en Europe, comment l'importateur exclusif fait-il valoir son exclusivité ? En réalité, la vraie question est celle-ci : comment un importateur peut-il transposer le droit international qui lui est conféré en droit européen ? A priori, de manière "raisonnée" avec ses confrères : si T2M reçoit la commande d'un magasin allemand pour du Tamiya, il redirige le mag sur Dickie. Et inversement. Mais en regard du droit européen, il s'agit là d'un "petit arrangement entre amis". Légalement, rien au niveau européen n'empêche un magasin allemand de commander du Tamiya chez T2M ... et inversement. Et si l'importateur n'exécute pas la commande de façon non discriminatoire par rapport à un magasin situé sur sa zone "d'exclusivité", il s'agit purement et simplement d'un refus de vente. Ce qui est illégal.
Donc, la transposition de l'accord international n'a a priori pas d'existence légale dans le droit européen, tout comme le droit européen d'un mag français de commander directement chez Tamiya Japon n'a pas d'existence légale dans le droit international (et restera ensuite à déterminer son existence légale dans le droit japonnais).
Tout cela, c'est de la théorie. Vouloir faire exploser le système d'exclusivité territoriale des importateurs est je pense parfaitement possible au niveau technique. Mais dans la pratique, quel magasin peut se permettre d'exister sans produits à vendre le temps que toutes les procédures aboutissent ? Car il y a d'abord les procédures au plan national avec les recours en appel, puis le portage au plan européen. Des années de procédures, et des sommes colossales de pertes financières liées aux frais d'avocat ET de non activité (même si le gain en dernier recours permet de les récupérer). Et ce, uniquement pour autoriser un magasin à commander chez n'importe lequel des importateurs exclusifs européens. Toute irrégularité dans le traitement d'une telle commande par un importateur contraint d'exécuter la vente (problèmes de dispo, tarif de vente, délai de traitement de la commande) ferait alors l'objet de nouvelles procédures à conduire à la fois au plan national ET européen. Encore des années, encore de folles dépenses pour des magasins qui, on le sait tous, sont dans des états de décomposition plus ou moins avancés. Donc, en théorie, et sur le plan strictement légal, c'est possible. Dans la pratique...
Et là , on n'a abordé que le plan purement européen. Ce qui ne semble pas être le champ d'action du procès intenté par T2M dont il est sujet ici. Si j'ai bien compris, le procès vise un magasin qui a importé des produits Tamiya depuis un pays non européen et qui les met en vente sur le territoire européen. La question est aussi de savoir si le magasin en question a vendu ces produits à des particuliers ou à d'autres magasins, et si ces ventes ont été réalisées uniquement en France ou dans d'autres pays d'Europe (histoire de savoir combien "d'importateurs exclusifs" il va devoir affronter).
Bref, mon avis est que cette action est destinée à servir d'exemple à tous les magasins de modélisme en Europe, qu'il s'agisse de Tamiya ou d'autres marques utilisant le même principe de distribution. Sauf si le gars visé par cette action a décidé de tout faire sauter et qu'il a de très gros moyens pour y parvenir, ça va recadrer tout le monde en Europe et mettre fin à toutes ces voix qui tentaient de se faire entendre pour que les choses bougent. A mon avis, préparez-vous à ce que rien ne change.
La seule véritable façon de miner le truc, c'est d'utiliser certaines subtilités pour casser le monopole d'un importateur exclusif sur sa zone. C'est là aussi techniquement possible, et possible également de manière pratique à condition que ça reste relativement discret. Sinon les "importateurs exclusifs" prendront les mesures nécessaires, mesures qu'il sera bien évidemment possible de faire sauter via le droit européen, là encore à condition d'avoir une fortune à y consacrer.
PS : j'ai oublié de préciser un point de détail dans l'aspect pratique des choses. Faut vouloir se castagner sérieusement avec l'importateur, ce qui implique bien évidemment de se retrouver avec un concurrent largement sponsorisé au coin de la rue, un grillage systématique dans toute la profession parce que bien entendu tous les confrères importateurs d'autres marques soutiennent "passivement" leur collègue, entre autres petits désagréments
Le gars ciblé par l'action en cours a intérêt à être très sévèrement "burné" et avoir un string pare-balles.