Sommes-nous sur le déclin ?
Publié : 24 janv. 2018, 09:31
Évolution des mœurs, nouvelles tendances, changement des habitudes de consommation, voilà les termes qu'un sociologue ou un employé d'une société abstraite du marketing et communication pourrait nommer pour désigner ce qu'il se passe en France, notamment en modélisme. Ayant connu son développement depuis les années quatre-vingt dix, période que je considère comme étant la plus faste, la plus excitante, la plus médiatique, c'est désormais une autre vision des choses qui semble se développer en France, ce qui n'est pas nécessairement une bonne nouvelle. J'ai écrit cette chronique en étant à des milliers de kilomètres de la France en Décembre 2017, pas loin d'une plage entouré de cocotiers et sous le soleil. Idyllique n'est-ce pas ? Sauf qu'il y fait une température d'à peine 16°C, un foutu vent soufflant à 50 km/h et que j'ai juste mes vêtements d'été. Donc enrhumé, froid, cloitré dans ma chambre d'hôtel et surtout j'en ai ras-le-bol de ce vent de chiotte.
Il fût un temps où un fabricant comme Tamiya n'hésitait pas à prendre des risques, calculés certes, pour nous produire des modèles innovants et de nouvelles carrosseries toutes très réussies, hormis la Clio Williams. C'était une période où toutes les marques, artisanales ou à structure importante, française, japonaise, américaine, européenne, bref tout ce petit monde se lançait sur le marché du modélisme en se disant probablement qu'elle pourrait innover en apportant sa différence. Qui se souvient du Predator de Tenth Technology ? Le tout premier Losi XXX4 ? Le Schumacher Fireblade? Le Traxxas TRX-1 ? Le Crono de SVM ? Le Burns, le Turbo Burns, ou Inferno de Kyosho ? Le différentiel Tactyl ? Les Yankee, Laro, DWA, Bycmo, BMT, MRC ? Que dire aussi des moteurs électriques standards à charbons, les Trinity Green Machine et Nightmare ou modifiés de chez SMT utilisés en compétition ? Certains téméraires passaient commande aux Etats-Unis en VPC par courrier ou par téléphone à condition de bien parler l'anglais. Fallait oser.
Pour se tenir au courant des dernières nouveautés des fabricants, ou des championnats nationaux et internationaux, comment faisait-on ? Tout simplement grâce aux journalistes et à la presse spécialisée. Durant « ma » période du modélisme, dans les kiosques à journaux c'était une bataille entre Auto-8, RC Racing Cars, Auto RCM et Buggy Magazine qui deviendra ensuite Auto RCM Techniques. Certains pilotes étaient également journalistes pour cette presse-là. Quand j'étais au collège (en 3ème), j'ai même connu la fille d'un gars qui bossait chez Auto-8 au service publicité. Elle s'appelait Séverine.
Et bien vous savez quoi ? Tout le texte que vous venez de lire, vous me mettez tout ça à la poubelle ! Fini ! On passe à autre chose. Toutes les marques et produits mentionnées dans le paragraphe précédent ont soit évolués, soit presque tous disparus. Des reconversions dans l'importation de produits bons marchés, car maintenant plus grand monde ne cherche à innover beaucoup. Tamiya est tellement frileux qu'il préfère ressortir des vieux moules pour rentabiliser son profit. Coût de recherche et de développement ? Zéro. Pour combien de nostalgique ça va plaire ? Plein dans le monde, surtout ceux ayant connu les années 80. Le calcul est fait. T2M qui organisait la Tamiya Cup ne fout plus rien, sauf son activité de toujours, l'importation ; la réactivité en moins. La marque française MRC fût en son temps très impliquées en tant que fabricants, par exemple avec le Santana, maintenant devinez quoi ? Ils.... importent. Youpi.
Quant à la presse spécialisée, ne chercher pas, y'a plus rien. Les rachats et autres rapprochements avec des groupes internationaux du Monde de la Terre n'auront pas suffit. En fait, le journaliste-essayeur, c'est nous ! On peut écrire, publier, photographier un modèle, le critiquer sans avoir une once de connaissance sur le métier de journaliste, on ne s'embête plus de l'impartialité, la neutralité, de l'article qu'il faut rendre impérativement au rédac'chef avant l'heure fatidique. Tu fais ce que tu veux, quand tu veux, y compris ne pas savoir écrire en français correct. Ça sent le début d'un scénario apocalyptique. Car depuis l'an 2000, on a... INTERNET ! C'est super car on a enfin un moyen de se procurer un kit qu'on ne trouve pas en France via des magasins 2.0 sans le moindre vendeur pour vous conseiller, sans ce contact humain et social.
Surtout, il y a l'information qui fait mouche au modéliste français qui s'est découvert un pouvoir redoutable via l'écran de son ordinateur, cette petite fenêtre sur ce monde ailleurs jamais visité, installé derrière son bureau ou dans son canapé Ikea modèle Slïkfiklüktrukmuche, c'en est presque devenu une obsession car on ne parle quasiment plus que de ça dans les conversations. Même en mentionnant telle marque ou tel produit, on sait de quoi on parle implicitement. Je veux parler du.... prix.
Aujourd'hui, quasiment toutes les discussions sur le modélisme et pas seulement, tournent inévitablement autour du prix dans les premières questions posées par d'autres. Où tu l'as acheté ? Sur quel site ? Quel délais de livraison ? La qualité même du produit vient au second plan ! Car si ça se trouve, c'est un peu de la daube ce truc que tu as acheté pour pas cher, qui envoie du bois, puis qui ne marche plus au bout de 20 minutes ! Pour faire marcher la garantie chez ton revendeur à l'autre bout du monde, bonne chance ! D'où les réactions ma foi compréhensible de certains revendeurs français, réfractaire à l'idée de se pencher sur le problème d'un client qui n'est pas foutu de savoir utiliser son engin, ou qui s'étonne de la piètre qualité de son petit truc. Ce n'est pas son problème, lui il a un commerce à faire tourner car il préfère son indépendance. De nos jours, on n'applaudit plus les entrepreneurs, on leur crache dessus car on ne sait rien de ce qu'il doit endurer. Les charges sociales contraignantes, les clients à deux balles (l'autre qui ne connaît rien et en plus se croit quand même supérieur à vous, mais quel c...n !), l'état du marché hexagonal franchement déprimant, quand en Allemagne, aux Etats-Unis et en Asie c'est l'explosion du modélisme ! La croissance n'aura jamais été aussi forte dans ces pays-là, clairement en France on est des crevards. Il n'y a plus ce côté passion et partage des connaissances. Il n'y a quasiment plus cette admiration pour des réalisations personnelles et recherchées, même une personne lambda ne voit rien d'autre que du jouet à la noix pour les mômes sans guère chercher à comprendre plus. Non, ce que l'on préfère acheter, c'est un prix. Point. Alors pourquoi faire du modélisme ?
Autre point énervant, et je l'ai encore constaté récemment, c'est de voir des gars qui viennent te donner des leçons ou des conseils pour que tu fasses ce qu' ILS veulent que tu fasses pour leur faire plaisir alors que tu t'en fous royalement de son avis. Ta carrosserie, tu l'as décoré comme ceci ? Grand bien te fasse, même s'il m'a fallu du temps pour l'admettre. Et quand ça parle enfin de modélisme, on te fait comprendre qu'il manquerait un accessoire onéreux pour parfaire ton modèle ! Oui peut-être, mais je ne le mettrais pas pour éviter que tu te caresses dessus (j'ai déjà connu ça avec d'autres maîtres de la bien-pensance en carton, probablement pour compenser une autre frustration ?). Le prix de l'occasion est élevé ? C'est le problème du revendeur, pas le tien, alors passe ton chemin. Voilà à quoi nous sommes réduits à parler. Le prix. Et je trouve ça vraiment minable, lourd.
Ces derniers temps, il m'arrive de repenser avec nostalgie cette période des années 90, période exaltante et expérimentale. En fait il faudrait faire en sorte de réduire les intermédiaires commerciaux pour la France pour rendre le modélisme plus accessible, même militer pour l'apprentissage de la petite fabrication mécanique, de l'électronique, dans tous les collèges, comme en Allemagne. Développer la créativité et l'inventivité. Parvenir à mettre en place tout ce programme va nécessiter.... du budget. Et pas des moindres selon mon calcul théorique dont le montant s'élèverait à quelques milliards d'Euros, hélas la période actuelle n'est pas à l'opulence. Je vous le dis, en France on est des crevards. La passion ne suffit plus, elle se meurt.
Il fût un temps où un fabricant comme Tamiya n'hésitait pas à prendre des risques, calculés certes, pour nous produire des modèles innovants et de nouvelles carrosseries toutes très réussies, hormis la Clio Williams. C'était une période où toutes les marques, artisanales ou à structure importante, française, japonaise, américaine, européenne, bref tout ce petit monde se lançait sur le marché du modélisme en se disant probablement qu'elle pourrait innover en apportant sa différence. Qui se souvient du Predator de Tenth Technology ? Le tout premier Losi XXX4 ? Le Schumacher Fireblade? Le Traxxas TRX-1 ? Le Crono de SVM ? Le Burns, le Turbo Burns, ou Inferno de Kyosho ? Le différentiel Tactyl ? Les Yankee, Laro, DWA, Bycmo, BMT, MRC ? Que dire aussi des moteurs électriques standards à charbons, les Trinity Green Machine et Nightmare ou modifiés de chez SMT utilisés en compétition ? Certains téméraires passaient commande aux Etats-Unis en VPC par courrier ou par téléphone à condition de bien parler l'anglais. Fallait oser.
Pour se tenir au courant des dernières nouveautés des fabricants, ou des championnats nationaux et internationaux, comment faisait-on ? Tout simplement grâce aux journalistes et à la presse spécialisée. Durant « ma » période du modélisme, dans les kiosques à journaux c'était une bataille entre Auto-8, RC Racing Cars, Auto RCM et Buggy Magazine qui deviendra ensuite Auto RCM Techniques. Certains pilotes étaient également journalistes pour cette presse-là. Quand j'étais au collège (en 3ème), j'ai même connu la fille d'un gars qui bossait chez Auto-8 au service publicité. Elle s'appelait Séverine.
Et bien vous savez quoi ? Tout le texte que vous venez de lire, vous me mettez tout ça à la poubelle ! Fini ! On passe à autre chose. Toutes les marques et produits mentionnées dans le paragraphe précédent ont soit évolués, soit presque tous disparus. Des reconversions dans l'importation de produits bons marchés, car maintenant plus grand monde ne cherche à innover beaucoup. Tamiya est tellement frileux qu'il préfère ressortir des vieux moules pour rentabiliser son profit. Coût de recherche et de développement ? Zéro. Pour combien de nostalgique ça va plaire ? Plein dans le monde, surtout ceux ayant connu les années 80. Le calcul est fait. T2M qui organisait la Tamiya Cup ne fout plus rien, sauf son activité de toujours, l'importation ; la réactivité en moins. La marque française MRC fût en son temps très impliquées en tant que fabricants, par exemple avec le Santana, maintenant devinez quoi ? Ils.... importent. Youpi.
Quant à la presse spécialisée, ne chercher pas, y'a plus rien. Les rachats et autres rapprochements avec des groupes internationaux du Monde de la Terre n'auront pas suffit. En fait, le journaliste-essayeur, c'est nous ! On peut écrire, publier, photographier un modèle, le critiquer sans avoir une once de connaissance sur le métier de journaliste, on ne s'embête plus de l'impartialité, la neutralité, de l'article qu'il faut rendre impérativement au rédac'chef avant l'heure fatidique. Tu fais ce que tu veux, quand tu veux, y compris ne pas savoir écrire en français correct. Ça sent le début d'un scénario apocalyptique. Car depuis l'an 2000, on a... INTERNET ! C'est super car on a enfin un moyen de se procurer un kit qu'on ne trouve pas en France via des magasins 2.0 sans le moindre vendeur pour vous conseiller, sans ce contact humain et social.
Surtout, il y a l'information qui fait mouche au modéliste français qui s'est découvert un pouvoir redoutable via l'écran de son ordinateur, cette petite fenêtre sur ce monde ailleurs jamais visité, installé derrière son bureau ou dans son canapé Ikea modèle Slïkfiklüktrukmuche, c'en est presque devenu une obsession car on ne parle quasiment plus que de ça dans les conversations. Même en mentionnant telle marque ou tel produit, on sait de quoi on parle implicitement. Je veux parler du.... prix.
Aujourd'hui, quasiment toutes les discussions sur le modélisme et pas seulement, tournent inévitablement autour du prix dans les premières questions posées par d'autres. Où tu l'as acheté ? Sur quel site ? Quel délais de livraison ? La qualité même du produit vient au second plan ! Car si ça se trouve, c'est un peu de la daube ce truc que tu as acheté pour pas cher, qui envoie du bois, puis qui ne marche plus au bout de 20 minutes ! Pour faire marcher la garantie chez ton revendeur à l'autre bout du monde, bonne chance ! D'où les réactions ma foi compréhensible de certains revendeurs français, réfractaire à l'idée de se pencher sur le problème d'un client qui n'est pas foutu de savoir utiliser son engin, ou qui s'étonne de la piètre qualité de son petit truc. Ce n'est pas son problème, lui il a un commerce à faire tourner car il préfère son indépendance. De nos jours, on n'applaudit plus les entrepreneurs, on leur crache dessus car on ne sait rien de ce qu'il doit endurer. Les charges sociales contraignantes, les clients à deux balles (l'autre qui ne connaît rien et en plus se croit quand même supérieur à vous, mais quel c...n !), l'état du marché hexagonal franchement déprimant, quand en Allemagne, aux Etats-Unis et en Asie c'est l'explosion du modélisme ! La croissance n'aura jamais été aussi forte dans ces pays-là, clairement en France on est des crevards. Il n'y a plus ce côté passion et partage des connaissances. Il n'y a quasiment plus cette admiration pour des réalisations personnelles et recherchées, même une personne lambda ne voit rien d'autre que du jouet à la noix pour les mômes sans guère chercher à comprendre plus. Non, ce que l'on préfère acheter, c'est un prix. Point. Alors pourquoi faire du modélisme ?
Autre point énervant, et je l'ai encore constaté récemment, c'est de voir des gars qui viennent te donner des leçons ou des conseils pour que tu fasses ce qu' ILS veulent que tu fasses pour leur faire plaisir alors que tu t'en fous royalement de son avis. Ta carrosserie, tu l'as décoré comme ceci ? Grand bien te fasse, même s'il m'a fallu du temps pour l'admettre. Et quand ça parle enfin de modélisme, on te fait comprendre qu'il manquerait un accessoire onéreux pour parfaire ton modèle ! Oui peut-être, mais je ne le mettrais pas pour éviter que tu te caresses dessus (j'ai déjà connu ça avec d'autres maîtres de la bien-pensance en carton, probablement pour compenser une autre frustration ?). Le prix de l'occasion est élevé ? C'est le problème du revendeur, pas le tien, alors passe ton chemin. Voilà à quoi nous sommes réduits à parler. Le prix. Et je trouve ça vraiment minable, lourd.
Ces derniers temps, il m'arrive de repenser avec nostalgie cette période des années 90, période exaltante et expérimentale. En fait il faudrait faire en sorte de réduire les intermédiaires commerciaux pour la France pour rendre le modélisme plus accessible, même militer pour l'apprentissage de la petite fabrication mécanique, de l'électronique, dans tous les collèges, comme en Allemagne. Développer la créativité et l'inventivité. Parvenir à mettre en place tout ce programme va nécessiter.... du budget. Et pas des moindres selon mon calcul théorique dont le montant s'élèverait à quelques milliards d'Euros, hélas la période actuelle n'est pas à l'opulence. Je vous le dis, en France on est des crevards. La passion ne suffit plus, elle se meurt.