24 heures du Mans 2016 – vendredi 17 juin 05h00
Le réveil n’a pas le temps de sonner, je suis déjà réveillé depuis une demi-heure. Cela fait 364 jours que j’attends ce moment là, alors forcément…
Il fait un temps de chiottes mais je m’en fous, perception du short et du polo siglé 24H.
A 05h45 j’entame mon périple de plus de 700 bornes, heureux, comme si j’y étais déjà.
Cette année Madame me fait faux bond, nous n’avons pas réussi à trouver d’hébergement au Mans, aussi va-t’il falloir faire l’aller retour à Angers tous les jours, trop pour elle. Du coup je suis bien décidé à vivre en no life pendant ce week end, les heures de sommeil vont se compter sur les doigts de la main.
Les vérifications techniques ont eu lieu la veille. Valise ? Check ! Billets ? Check ! Appareil photos ? Check ? Je suis paré. Cette année j’ai même offert à ma titine deux stickers officiels des 24 heures, représentant le circuit en bleu blanc rouge, que j’ai collé sur les vitres arrières. C’est qu’il faut les voir les British et le Teutons, eux ils n’hésitent pas à coller les tailles XXL sur leurs Porsche ou leurs Jaguar. Le Mans c’est une grande famille et cette année ma titine en fait partie.
8h15, j’arrive sur Bordeaux et ses embouteillages matinaux, j’hésite à faire une halte café à Landiras chez l’ami Akiro, mais je connais Cyrille, dans deux heures on sera encore à se faire la revanche Grasshopper/Rookie Rabbit. :-D
Le jour est levé et depuis quelques temps je perçois un phénomène étrange, régulièrement des voitures qui s’apprêtent à me doubler, ralentissent à mon niveau, certaines se remettent même derrière moi et je ne les revois plus. Bon, ok, mes romans ont connu un certain succès, mais enfin de là à me reconnaître en voiture... Ce n’est que trois jours plus tard, sur le chemin du retour que je comprendrai la vraie raison : vus rapidement, mes stickers bleu blanc rouge font un peu cocarde tricolore, le tout sur une voiture blanche cela en a effrayé plus d’un. Je pense que j’aurais roulé dans une estafette de gendarmerie, cela n’aurait pas eu plus d’effet. Qu’est ce que j’ai ri ! :lol:
Les kilomètres défilent, les heures aussi, puis arrive la pancarte tant attendue « Circuit des 24H du Mans » prochaine sortie. Le temps de faire les derniers kilomètres et j’arrive au circuit vers 12h45. Naze, mais fou de joie.
Je prends la même photo tous les ans mais je ne m’en lasse pas, c’est mythique !!
Le vendredi les parkings sont relativement vides mais on y voit déjà de très belles choses
Je pénètre dans le saint des saints, j’y suis, putain !! J’y suis.
Je commence par avaler un sandwitch double saucisses de Toulouse (avec des saucisses qui n’ont jamais vu Toulouse) et me voilà parti vers la voie des stands. Parti n’est pas exagéré car au Mans, on marche, on marche et on marche. Je traverse le village et ses boutiques tentatrices, pas de souci je vais revenir vous voir tout à l’heure
Me voilà arrivé sur la Pit Lane ouverte au public. Pour être très honnête ce n’est pas là que l’on voit le mieux les voitures, car les châssis sont à poils pour peaufiner les derniers réglages.
Chez Rebellion on mange des glaces, attention les gars, ça va se payer en course ça
Prendre en photo une Ferrari d’un team Japonais revient à prendre des Japonais en photo. Le cliché du Japonais greffé à son appareil photo n’est pas que de la légende urbaine
Sur la Porsche de la pôle on est assidus, sans se douter un seul instant de l’incroyable scénario final
La Ford future gagnante du LM GTE PRO avec Monsieur Sébastien Bourdais entre autre. Les Ford sont belles, performantes, bien aidées par la BOP (Balance Of Performances) mais Le Mans reste Le Mans et rien n’est joué d’avance.
Un petit tour sur la piste ouverte, jusqu’à la passerelle Dunlop. Toujours une réelle émotion que de fouler ce circuit
Chez Aston Martin on pense déjà à 2017 en testant de bien curieux prototypes (J’aurais aussi pu nommer cette photo : Tom4 était au Mans)
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Je reviens par le paddock où on voit que Ford a fait les choses en grand
Un petit tour dans les tribunes pour repérer la place pour le week end, c’est parfait !
Puis, avant partir je retourne au village du circuit pour me faire plaisir. Le vendredi est le bon jour pour acheter car il n’y a pas foule, à partir du samedi et surtout le dimanche c’est la folie !!
Il est 17 heures et là je l’avoue, je suis naze ! Le temps d’arriver à Angers, de manger et au lit, demain c’est le grand jour.
Samedi 18/06 07h45
Me voilà de retour sur le circuit, la nuit fut courte mais réparatrice. Le samedi matin la tension monte perceptiblement, mais à cette heure là le circuit est encore tranquille. Pourtant certains ont déjà pris leur place pour voir le départ.
09h00, départ du warm up, et déjà certains testent les bacs à graviers
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Le warm up ayant été raccourci par de nombreuses sorties de route, il n’y a plus qu’à attendre 15 heures. Mais rassurez vous, au Mans il y a toujours des choses à voir et à faire …
Avec l’expérience, je vais me restaurer en fin de matinée, je sais qu’à partir de midi cela devient de la folie furieuse. Il est moins de treize heures quand je regagne la tribune, pour patienter on a droit à un défilé des Ford mythiques ayant courues au Mans
Puis vient le temps des hymnes, avec une ferveur particulière pour la Marseillaise cette année, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de gens debout, la chanter.
Le trophée est présenté dans une 911. Eh les gars vous voulez que je fasse un arrêt cardiaque ou quoi ?
Départ du tour de reconnaissance, le ciel s’assombrit de plus en plus
Quelques minutes avant le départ c’est la cata, l’orage s’abat et la Direction de course décide de donner le départ sous Safety Car. Bon, ok, admettons. Mais là gros coup de gueule, le Safety Car va durer quasiment une heure !! Moi la sécurité je veux bien mais il y a des limites. Pourquoi les manufacturiers se cassent-ils les noix à élaborer des pneus pluies puisqu’à la première goutte on arrête tout ?
Je n’ai pas enregistré la bronca du public mais je peux vous dire qu’à chaque tour c’était quelque chose !
Vient enfin l’heure de la libération et de ce moment unique qui vous dresse les poils partout, le vrai départ est donné et les 56 bolides rugissent devant nous
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Très vite les Porsche et les Toyota prennent l’ascendant. Pour Audi c’est rapidement la bérézina, un changement de turbo sur la 8 va définitivement compromettre ses chances. Il est 18 heures et un orage passe au loin, heureusement sans tomber. Donnant à la passerelle Dunlop une allure de paysage apocalyptique.
Pour moi vient l’heure du départ. J’ai choisi de venir tôt demain matin, alors je vais aller fermer un peu mes yeux pleins d’étoiles.
Dimanche 19/06, 05h45
Levé à 04h me voilà de retour. Le jour se lève à peine et en arrivant sur le circuit je m’aperçois que la grande roue est ouverte. L’occasion de faire quelques photos sympas même si mon appareil n'est pas trop équipé pour. Ce qui l’est moins c’est le prix : 10 euros, gloup, ça fait cher du tour de roue !
Je retourne ensuite en tribune, quasi déserte à cette heure là. J’ai pourtant le plaisir d’y retrouver le célèbre Barbapapa disparu depuis des années de notre petit écran. Je vous rassure il ne faisait pas si froid que cela, l’après midi, alors que tout le monde était en tee shirt, la demoiselle avait encore deux pulls
La ronde continue avec ses joies et ses peines. En tête Toyota est en force avec deux voitures contre une à Porsche. La numéro 1 est très loin au classement et les deux Audi, si elle sont dans le top 5, sont à plus de 10 tours.
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Il n’y a pas que pour les voitures que la nuit a été rude…
En fin de matinée je vais me dégourdir les jambes pour aller prendre des photos au raccordement. Quand je vous dis que Le Mans c’est marcher, je n’exagère pas. Rien que pour ce dimanche mon podomètre affichera 13 kms en fin de journée. Et je ne l’avais pas mis les vendredi et samedi…
Les heures passent et l’arrivée est proche. La Toyota numéro 6 a lâché prise, mais la 5 reste en tête avec une trentaine de secondes d’avance sur la Porsche numéro 2. Mon cœur de Porschiste est un peu triste mais je suis content pour Toyota, depuis le temps qu’ils courent après, ils la méritent cette victoire. Il faut quand même se rappeler qu’en 2012, quand Peugeot a lâchement abandonné l’endurance, Toyota qui n’avait prévu que deux ou trois courses dans la saison, a fait le championnat en intégralité pour que le spectacle reste à la hauteur.
Et puis … et puis il y a eu ce qui ne pouvait pas arriver, cet incroyable scénario !! Toyota est décidemment maudit au Mans !! Je suis resté plusieurs minutes sans y croire, comme tout le public. Puis j’ai réalisé : Porsche allait gagner !! Alors oui sur la vidéo vous pouvez m’entendre crier ma joie, parce que Porsche n’a rien volé. En performances ils étaient là et n’ont rien lâché. La différence s’est faite sur l’usure des pneus, Toyota parvenant à faire un tour de plus à chaque relais. Mais Le Mans a choisi son lauréat. C’est cruel, insupportable pour Toyota, mais c’est la course, il faut l’accepter. Au Mans pour finir premier, il faut commencer par finir…
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Vient l’heure des podiums, et le moment de prendre quelques dernières photos insolites, comme ces bottes en caoutchouc qui pourraient être plus mal portées…
Voilà c’est fini, l’excitation retombe et la nostalgie s’installe, il reste à ressortir du parking mais là encore, l’organisation est top et malgré la queue impressionnante, on n’y passe pas des heures. Allez J-364 !!
Alors quel bilan ? Hors côté sportif, Le Mans reste Le Mans, totalement magique, une vraie fête populaire incomparable !
La course ? Putain je pourrais dire « j’y étais !! » !! Un scénario comme cela ne se reproduira probablement jamais !! Espérons que Toyota s’en relèvera. Quant à Audi, il serait étonnant qu’ils ne reviennent pas plus forts. Cette année ils ont pris une claque, et le docteur Ullrich n’aime pas cela !
Dans les autres catégories ? Domination d’Alpine en LMP2, pardon, plutôt devrais je dire des Oreca 05 car l’Alpine n’est autre qu’une Oreca 05 maquillée. D’ailleurs le phénomène Alpine ne prend pas, cela se ressent. Il faudrait pour cela revenir dans la catégorie LMP1 avec une voiture maison. Mais ça…
En GTE PRO, la victoire de Sébastien Bourdais me fait très plaisir, tant lui aussi mérite de gagner cette course au général. Mais on ne peut pas nier que la Ford n’a plus grand-chose à voir avec une GT. Quand en plus la BOP lui est favorable, les autres n’ont aucune chance. Comment expliquer que Corvette, qui a gagné l’année dernière et qui écrase tout sur le sol américain, se retrouve à faire de la figuration. Idem pour Aston Martin. Quant à Porsche, les 911 vieillissantes ont cassé leur moteur à vouloir suivre le rythme. Seul restait Ferrari, longtemps dans le coup mais qui a dû se contenter de la victoire en GTE AM.
Pour finir, mention spéciale à Frédéric Sausset, quadri amputé et qui a assuré sur la piste, n'étant, aux dire des pilotes pros, jamais dangereux pour les autres. Le but était de finir et ils l'ont fait. Ce qui est extraordinaire c'est qu'il n'y avait aucune recherche de performances , la Morgan étant un châssis d'ancienne génération, avec 80 kilos supplémentaires dus aux adaptations nécessaires. Et pourtant, Frédéric Sausset regrettait presque le changement d'embrayage dans la nuit qui leur avait fait perdre 1h15, les privant d'un top 30. Moi je dis qu'on reverra Frédéric Sausset au Mans.